Financement des PME

L’abondance de produits est-elle adaptée aux besoins des PME ?

Publié le 12 juin 2015 à 15h30    Mis à jour le 17 juin 2015 à 18h05

Propos recueillis par Chloé Consigny et Florent Le Quintrec

Les indicateurs macro-économiques sont aujourd’hui favorables avec notamment un niveau de liquidités disponibles très élevé et des taux d’emprunts historiquement bas. Par ailleurs, les produits bancaires et alternatifs pour le financement des entreprises sont nombreux et très concurrentiels. Mais sont-ils véritablement adaptés aux besoins en financement de nos PME et ce notamment pour des besoins inférieurs à 10 millions d’euros ? Les contextes macro-économique et réglementaire sont-ils si favorables pour le financement des PME ? Des experts de la matière nous répondent.

Une abondance de produits de financement

Arnaud Heck, head of debt & Capital Advisory, PwC : Selon la définition européenne, une ETI réalise au moins 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, compte 250 employés et affiche une taille de bilan de 43 millions. La définition plus financière, du private equity ou des banques, correspond à, par exemple, un excédent brut d’exploitation minimum d’à peu près 10 millions d’euros. De manière générale, les PME n’ont pas plus de problèmes qu’avant la crise pour se financer. Les banques ont beaucoup de liquidités et sont disposées à prêter aux PME. Certaines sociétés ont toutefois plus de difficultés car il faut organiser des tours de table plus importants ou différents. C’est le cas des sociétés en situations particulières, en forte croissance ou au contraire en difficulté, et des ETI. Il est pour eux souvent nécessaire ou stratégique pour diversifier leurs sources de financement, de compléter les tours de table avec des prêteurs non bancaires. Ces prêteurs sont prêts à prendre des risques supplémentaires en échange d’une rémunération plus élevée, ou apportent un financement à plus long terme.

Diane de Moüy, associée, Orrick : Il y a quelques années, les PME avaient davantage de difficultés à se financer qu’aujourd’hui. Il y a désormais de nombreuses liquidités.

Olivier Casanova, directeur financier, Tereos : Pendant la crise de liquidité de 2008-2010, les entreprises ont pris conscience que, même si le financement bancaire est disponible, il n’est peut-être pas dans leur intérêt d’être exclusivement dépendantes d’une seule source de financement. Les préoccupations de liquidité sont devenues beaucoup plus importantes que dans le passé. Les entreprises, pour celles qui le peuvent, ont désormais la volonté de réduire le risque financier en faisant appel à une diversité de sources de financement aussi grande que possible, de gérer leur échéancier de maturité afin d’éviter les murs de refinancement, d’avoir des sources de financement qui ne sont pas amortissables, contrairement au financement bancaire. Elles cherchent donc à ajouter des financements avec remboursement in fine. Elles veulent aussi diversifier leurs sources de financement entre celles permettant d’assurer des lignes de back-up ou du financement de BFR et celles à plus long terme finançant des actifs longs. Le financement bancaire a en effet du mal à dépasser cinq ans. Il y a donc une inadéquation avec les projets industriels souvent plus longs, surtout dans un environnement de faible croissance. Il est inquiétant pour une société d’avoir un financement court par rapport à des retours sur investissement de plus long terme.

Diane de Moüy : De nouveaux produits se sont développés récemment afin de répondre à cette demande de moindre dépendance vis-à-vis des banques, mais également au besoin de maturités plus longues et de remboursement bullet (in fine). On observe ainsi notamment le développement des Euro PP ainsi que le retour des Schuldschein, ces derniers étant historiquement destinés aux PME allemandes. Le Schuldschein est un produit intermédiaire entre la dette bancaire et les marchés de capitaux. Il permet, via une banque arrangeuse, de lever des fonds auprès de caisses de retraite ou des fonds de pension allemands. Depuis 2008, le Schuldschein s’est développé en France, porté par une documentation simple et standardisée de droit allemand, des maturités de 5 à 7 ans et un remboursement bullet in fine. Initialement utilisé par des sociétés de taille importante en France, il devient accessible aux PME françaises.

Mathilde Paoli, en charge du financement small et mid cap, Rothschild Transaction R :La palette de produits qui était auparavant accessible uniquement aux grandes entreprises est descendue vers les plus petites entreprises. Les produits de placement privé à partir de 10 millions d’euros et même les produits high yield à partir de 150 millions d’euros, sont désormais accessibles. 

Dans les placements privés, il y a effectivement le Schuldschein qui est un produit très souple mais qui présente comme limite de ne pas avoir de notion de majorité des prêteurs. Une fois qu’il est mis en place, il est très difficile de le modifier. 

En revanche, il y a beaucoup d’acteurs du placement privé sur toute la palette de risque, du risque très senior au risque très junior. C’est dû aux effets de la réglementation mais également aux effets de séniorisation et de montée en expertise des équipes. Les sociétés d’assurances étaient positionnées sur les produits les plus simples, les financements pour des large cap et sur des segments simples à analyser tels que l’agroalimentaire et l’immobilier. Elles se sont depuis sophistiquées et aujourd’hui, il y a des poches de liquidités chez les assureurs pour des ratings de type B - et pour tous les secteurs à partir de tickets à 10 millions d’euros. C’est désormais accessible à toutes les entreprises.

Arnaud Heck : Il faut s’intéresser au pourquoi de cet afflux de liquidités, qui définit sa pérennité. Une partie de la raison réside dans la règlementation. Au niveau mondial, il y a eu les réglementations de type Bâle 3 pour les banques et au niveau plus local, en France, la modification du code des assurances à l’été 2013. Les régulateurs ont conclu que d’un côté, les banques qui avaient des ressources à plus court terme, les dépôts, devaient se consacrer à des allocations de bilan de plus court terme. De l’autre côté, les assureurs et fonds de pensions, détenteurs d’une épargne longue, doivent financer l’économie à plus long terme. La conséquence est double : la difficulté des banques à prêter à plus de cinq ans et l’intervention de prêteurs non bancaires pour le long terme. Aujourd’hui, les assureurs allouent environ deux tiers de leur bilan à long terme dans des fonds et un tiers en interne. Ce mouvement va se rééquilibrer à 50/50, comme on le voit en Angleterre ou aux Etats-Unis. 

Olivier Millet, président du directoire, Eurazeo PME : Il ne faut pas oublier la structure du marché français des entreprises, qui est très différente de celles des marchés allemands et britanniques. Une étude de GE Capital en 2013 montrait qu’il y avait 20 000 ETI en Angleterre et en Allemagne, contre 36 000 en France, à cette différence près que la taille moyenne des ETI britanniques et allemandes est de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires contre 46 millions en France. En France, l’enjeu majeur est le changement de taille au cours de la prochaine décennie, qui va nécessiter des financements. Si ce changement de taille est financé uniquement avec de la dette, il risque d’y avoir de vrais problèmes au moindre coup de vent. La dette privée et les fonds de dette sont très utiles, mais les banques aussi. Un fonds de dette peut être conduit à céder ses positions en cas de difficulté et l’entreprise se retrouve alors avec d’autres créanciers. C’est à cet instant qu’il faut injecter beaucoup de capital afin de trouver le bon équilibre entre le capital et la dette. Et plus on injecte de capital, plus on trouve une structure de dette adaptée. Deuxièmement, l’approche historique du private equity est de structurer un bilan pour une durée de 5 à 7 ans. Mais dans l’optique de transformer nos PME, il faut revoir la structure des bilans tous les deux ou trois ans pour les faire évoluer au même rythme que la croissance des entreprises. Recourir à un effet de levier de plus de 5 ou 6 fois sur une PME n’est pas raisonnable. Lors de la crise précédente, cette phase de restructuration des bilans s’est globalement bien passée, mais elle concernait des entreprises de taille beaucoup plus importante avec des capacités d’arbitrage, de cession d’actifs, etc. Nos PME, avec cinq ou dix millions de chiffre d’affaires, ont une capacité de réaction beaucoup plus faible en cas de vent contraire.

Marc Legardeur, directeur de la banque patrimoniale, AXA Banque : En effet, les durées de crédit aux entreprises sont courtes, de cinq à sept ans. Lorsqu’on finance le chef d’entreprise, avec sa capacité à réinjecter ensuite de l’argent dans l’entreprise, on casse cette limite de cinq ou sept ans puisqu’on s’appuie sur une approche patrimoniale du chef d’entreprise et non pas sur une approche de l’entreprise. Ceci permet énormément de souplesse. On peut très bien envisager des remboursements anticipés partiels en fonction des versements de dividendes ou non. Face au chef d’entreprise, c’est-à-dire pour un financement de personne physique et non morale, il y a une grande souplesse pour des remboursements, des modifications de plan, de taux, et on travaille beaucoup sur du taux fixe, du taux variable, du crédit amortissable, du crédit in fine avec une vision patrimoniale. Le marché du financement des entreprises a évolué par rapport au chef d’entreprise lui-même. Pendant très longtemps, les chefs d’entreprise ne voulaient pas de caution car ils avaient tout investi dans leur entreprise et ne voulaient pas sacrifier leur patrimoine personnel. Aujourd’hui, cette situation a changé. Il y a désormais la possibilité de préparer la transmission, la succession, de se désolidariser de la dette bancaire traditionnelle pour aller vers quelque chose de plus patrimonial. C’est plus souple car décorrelé d’un cycle de production lié à des contraintes, des remboursements à cinq ans, etc. 

Mathilde Paoli :Il est effectivement très important de considérer toute la palette de produits et d’acteurs. En dette privée, il y a énormément d’acteurs et de produits très différents. Certains fonds de dette vont dans certains contextes pousser les leviers avec des effets qui peuvent être dangereux lorsque la structure est inadéquate. Mais récemment, des poches de financement en direct sont apparues chez les assureurs ainsi que des fonds de dette plutôt senior qui ne cherchent pas en priorité le levier et viennent accompagner le développement. 

Par ailleurs il serait dangereux pour une entreprise de se couper complètement de la liquidité bancaire. Il est important de pouvoir combiner les avantages des deux, c’est-à-dire la liquidité et la maturité des fonds de dette senior pour accompagner le développement de la société, la souplesse et les lignes non tirées de la dette bancaire, même si certains fonds de dette peuvent également les apporter. C’est relativement complexe à organiser, notamment pour les sujets de partage des sûretés, mais cette approche donne de la solidité et de la souplesse aux entreprises pour leur développement. Tout ceci dans un contexte où il faut s’assurer que la structure globale du capital reste pérenne, avec suffisamment d’equity. 

Olivier Casanova : Nous devons distinguer les différentes solutions par typologie de sociétés. Dans le cadre d’un rapport de Paris EuroPlace sur le financement des PME publié en 2014, que j’ai coordonné, nous avions ainsi proposé quatre ou cinq catégories d’entreprises. Les entreprises dont les besoins de financement sont supérieurs à 250 millions d’euros sont, bien entendu, des entreprises de très grande taille, qui ont donc accès à un marché obligataire extrêmement liquide (Investment grade ou High Yield selon leur niveau de rating) et dont les volumes l’année dernière ont été sans précédent. Les entreprises dont les besoins de financement oscillent entre 100 et 250 millions d’euros  peuvent avoir accès au marché obligataire high yield, pour celles qui appartiennent à cette catégorie, ainsi qu’aux placements privés, type EuroPP ou Schuldschein, avec ou sans rating. Les entreprises avec des besoins de financement entre 20 et 100 millions d’euros n’ont pas accès aux marchés obligataires publics, mais peuvent faire appel aux placements privés. 

Les entreprises appellent cependant à une baisse de ces planchers : ainsi la taille minimum pour des opérations de placements privés a eu tendance à se réduire, à 20 puis 10 millions d’euros, avec à ce niveau-là vraisemblablement un investisseur unique. Un des facteurs de nature à permettre d’abaisser ces planchers est le fait que les investisseurs constituent des équipes d’analyse crédit plus étoffées, qui sont en mesure de produire un volume d’analyse plus important sur des sociétés plus petites, leur permettent ainsi de prendre des décisions sur des sociétés non notées. 

Nous évoquions précédemment les PME françaises dont le chiffre d’affaires moyen est de 46 millions d’euros. Ces sociétés ont rarement besoin de financement unique supérieur à 10 millions d’euros  et elles n’ont pas accès aux solutions pré-mentionnées. La question est donc de savoir quelles solutions existent pour ce niveau de besoin unitaire ? Quelques initiatives ont vu le jour, mais malheureusement, force est de constater qu’elles n’ont pas connu le succès que nous étions en droit d’espérer. Il existe bien, et ce depuis plusieurs décennies, des financements de type mutualisé comme les GIAC ou plus récemment les MICADO qui ont tenté de regrouper des sociétés dont les besoins individuels étaient de quelques millions d’euros et procéder ainsi à une émission totale de 60 à 100 millions d’euros en attirant des investisseurs. Mais malheureusement, ces outils sont très compliqués à mettre en œuvre car il est nécessaire d’aligner l’ensemble des besoins de ces entreprises et la documentation et le marketing sont extrêmement lourds, ce qui n’est pas adapté à l’agilité demandée par les marchés financiers et par la réactivité requise pour saisir des fenêtres favorables sur les marchés. NYSE Euronext a également fait une tentative avec une plateforme de financement obligataire, l’IBO, mais la place de Paris reste très frileuse car placer les obligations d’une PME auprès de particuliers peut présenter des risques. Enfin, les acteurs para-public sont bien sûr également présents pour proposer des solutions différentes de celles des financements bancaires, mais force est de constater qu’aujourd’hui le financement bancaire reste pour les entreprises dont le besoin de financement est inférieur à 10 millions d’euros la source principale de financement. 

Des banques très actives mais quelle appréciation du risque ?

Dominique Caignart, directeur du réseau Ile-de-France et DOM, Bpifrance : Les banques sont effectivement très actives, elles deviennent très imaginatives et concurrentielles. Sur ce point, cette année est exceptionnelle. Les belles PME de qualité souhaitant investir n’ont donc aucun problème d’accès au crédit. Bpifrance est le partenaire naturel  des banques pour le financement des PME et ETI.

Aujourd’hui pour mieux nous y associer et compléter l’offre bancaire sur des financements entre 5 et 15 millions d’euros nous avons packagé des produits originaux complémentaires des leurs pour éviter toute concurrence frontale. Nous avons ainsi développé une gamme de prêts dit de «développement» d’une durée de 7 ans avec 2 ans de différé mais également des prêts «d’avenir» d’une durée de 10 ans avec 3 ans de différé sous forme de dette sans aucune garantie car adossés sur fonds propres de Bpifrance et sur garantie d’état. Mais si ces produits étaient très originaux, il y a 3 ou 4 ans, ils sont aujourd’hui dupliqués par certains  réseaux bancaires dans une volonté de reprendre des parts de marché en élargissant leur offre. Or, sur ces durées et ce même avec des notations de la banque de France de 3 ou 4, le risque PME existe bien et il est toujours plus prudent de le partager  dans le cadre d’investissements structurants.

 

Olivier Millet : Effectivement, dans les périodes comme celle-ci où la liquidité afflue, le risque a tendance à être quelque peu oublié et il n’est donc pas suffisamment évalué. La tentation naturelle du dirigeant est, entre fonds propres et dette bancaire, de choisir cette dernière mais cela comporte une limite car la prise de risque inhérente à la transformation des entreprises n’est alors pas considérée. L’enjeu de notre décennie réside en effet dans la transformation de la taille moyenne de nos entreprises en grandes entreprises. Mais pour atteindre cet objectif, l’utilisation de la seule dette n’est pas saine, il faut également utiliser d’importants fonds propres afin d’assurer un équilibre qui pourra résister aux différents cycles que traversera l’entreprise.

Richard Dalaud, directeur général délégué de l’activité Mezzanine, Groupe Siparex :  Le niveau de risque est effectivement lié à la taille de l’entreprise, ce qui explique le positionnement des fonds de dettes senior et autres alternatives de financement sur les ETI et dans une moindre mesure les grandes PME. Le nombre de 30 000 grandes PME a été cité. Si nous le décomposons, plus de 2 000 ETI ont un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros ou plus et environ 25 000 «grandes PME» ont un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros et supérieur à 10 millions d’euros. Le taux de défaillance des ETI, voisin de BBB, est deux fois moindre que celui des grandes PME qui est lui-même plus de 4 fois moindre que celui des petites PME. Ces taux de défaillances impliquent qu’un fond de dette ne peut investir exclusivement dans des petites ou grandes PME car cela nécessiterait une diversification du portefeuille bien trop importante par rapport aux capacités d’origination et de suivi de ces acteurs. Rares en effet sont les firmes d’investissement qui disposent d’un maillage dense du territoire, à l’instar de Siparex avec plus de 40 professionnels de l’investissement sur 7 bureaux locaux. C’est pour cette raison que les banques restent les mieux positionnées pour le financement en dette de ce segment, quitte à en réallouer une partie sur le marché via diverses techniques. Par ailleurs, les banques jouent un rôle important pour les fonds car elles assurent un suivi fin des PME, à valeur ajoutée, et sont donc une mine d’information. 

Je voudrais revenir sur le thème de la liquidité. Nous vivons effectivement une période de grande liquidité qui est le résultat d’une politique très accommodante de la BCE mais qui reste limitée dans le temps. Nous avons déjà vu quelques signaux d’inquiétudes avec notamment le flash-krach d’avril et la subite remontée des taux d’intérêt sur les Bunds avec une baisse immédiate des prix d’actions. Nous ne naviguons pas sur un long fleuve tranquille et la liquidité actuelle n’est structurellement pas définitive. 

A propos de la titrisation

Olivier Casanova :La titrisation permet d’utiliser les banques en tant qu’intermédiaire tout en mettant les PME en rapport avec des investisseurs in fine institutionnels. 

Les banques ne semblent cependant pas intéressées pour relancer la titrisation de créances de PME et ce même si quelques opérations ont eu lieu notamment en Italie. Les banques ont une appétence pour la titrisation mais circonscrite aux portefeuilles de prêt immobilier ou de crédits automobiles. Nous pourrions tout à fait imaginer le redémarrage d’une activité de titrisation pour les prêts bancaires de PME, mais le souvenir de la crise de 2008 hante les esprits. Il suffit cependant d’installer des garde fous car elle est un bon moyen de conserver la banque dans son rôle de conseiller auprès de l’entreprise tout en libérant de la place dans les bilans bancaires afin d’accompagner le développement de l’activité. L’abondance de crédits et les niveaux de liquidité sont exceptionnels avec une activité faible en Europe. La situation risque de se tendre dès lors que nous aurons un redressement de l’activité économique combinée à une politique moins accommodante des taux. Il existe par ailleurs des schémas très simples de partenariat entre banques et fonds de dette dans lesquels les banquent originent la dette et la syndiquent à des fonds de dette. Il n’y a pas nécessairement de la compétition entre les différents acteurs mais également de la coopération. 

 

Arnaud Heck : Il existe aujourd’hui un marché déjà désintermédié, celui du leveraged loan (financement à effet de levier). Au cours des dix dernières années, la désintermédiation de ce marché a atteint 40 %. Depuis douze mois, la désintermédiation dépasse les 60 %. Aux Etats-Unis, au premier trimestre 2015, le leveraged loan a été désintermédié à 90 %. Ce marché est très intéressant car il a prouvé que le modèle de financement par la désintermédiation fonctionne dans le temps. C’est la raison pour laquelle, chez les assureurs américains, anglais ou encore hollandais, les équipes leveraged loan vont généralement formater les autres domaines de désintermédiation. Ainsi, le placement privé USPP s’est inspiré, notamment sur la documentation, du leveraged loan. 

Dans le cas des prêts syndiqués, les banques structurent le financement et transfèrent le risque à d’autres prêteurs, dont non-bancaires, qui vont réaliser leur propre analyse crédit. Il est important que les entités prenant un risque en devenant prêteur réalise leur propre analyse crédit. Un autre fonctionnement peut induire la création de bulles car nous sommes dans un schéma où le détenteur de risque n’est pas celui qui maîtrise le risque. 

Marc Legardeur : Nous avons commencé à réaliser certaines opérations de titrisation sur des prêts immobiliers. Nous nous sommes rendus compte dernièrement qu’il y avait très peu de titrisation dirigée vers les entreprises. La structure des taux, telle qu’on la connaît aujourd’hui, nous amène à titriser. Mais il existe de petits soubresauts dans la courbe des taux qui nous incitent à penser que nous nous dirigeons vers une remontée. Dans ce contexte, la titrisation risque de s’arrêter seule. En ce moment, il n’y a pas de besoin important en liquidités. Cependant, la remontée des taux représente un risque pour le refinancement de l’économie à l’avenir. Comme il y a en ce moment trop de liquidité, personne ne s’intéresse à la couverture des taux que l’on pourrait mettre en place sur les titrisations, mais je pense que lorsque l’on voudra le faire, ce sera trop tard : les swaps seront alors beaucoup trop chers ! Le contexte actuel de liquidités abondantes tue l’innovation produit.  

 

Olivier Casanova : Les sociétés sont aujourd’hui ravies d’avoir des taux compétitifs en provenance de leurs banques. Pour autant, je me demande s’il n’y a pas à réfléchir sur la façon dont les taux de crédit sont fixés en France. Certaines banques peuvent, dans certaines circonstances, être à même de faire des prêts subventionnés en se disant qu’elles pourront se rattraper sur d’autres produits, le «side business». De fait, cela introduit un biais dans un marché bancaire très concurrentiel et cela engendre des difficultés pour trouver d’autres sources de financements. Car aujourd’hui, la titrisation de prêts bancaires, même sur des gros portefeuilles, apporte une faible rémunération. Rares sont les investisseurs prêts à se placer sur ce type de produits. 

 

Marc Legardeur : Le monde bancaire est en train de vivre quelque chose de tout à fait nouveau. Deux éléments l’expliquent : d’une part, il existe un dumping sur les taux mais les marges se réduisent, afin de faire naître du rendement sur une liquidité omniprésente. Par ailleurs, la renégociation de taux engendre une importante destruction de valeur. Il faut avoir à l’esprit que renégocier un taux de la concurrence signifie détruire des dizaines, voire des centaines de points de base. Cette situation aura à terme une répercussion sur l’ensemble de l’économie. Les acteurs du secteur apprécient les forts développements d’encours qui ont lieu actuellement. il s’agit du même plat qui passe et repasse devant les professionnels et à chaque passage, des richesses sont détruites. 

 

Olivier Casanova :Si à très court terme, il y a des raisons de se réjouir, il est indispensable qu’à long terme, la relation soit équilibrée. Une relation déséquilibrée dans sa structure n’est pas souhaitable. 

Marc Legardeur : Pendant très longtemps, les taux de crédit étaient effectivement faibles car les établissements bancaires se refinancaient sur l’activité courante de l’entreprise. Le crédit moyen et long terme était alors le produit d’appel. Cependant, avec la faiblesse des taux courts aujourd’hui, il n’y a plus aucun intérêt à avoir des flottants sur les comptes. Par ailleurs, même les crédits courts terme sont aujourd’hui extrêmement bas. Nous faisons donc du dumping sur les taux longs, sans pour autant avoir la possibilité de regagner une rentabilité sur la gestion au quotidien. 

 

Arnaud Heck : Le marché des financements à long terme des PME et ETI représente à l’heure actuelle à peu près 2 000 milliards d’euros en Europe. Je reprends les statistiques sur ce marché car elles sont très précises et montrent qu’on assiste à une stabilisation des taux pour les entreprises. Ainsi, aujourd’hui, pour une note BB équivalente, le taux moyen pour de la dette senior reste stable autour de 4 %. Mais il arrive souvent que des sociétés plus petites, sur la base d’une relation bancaire par exemple, obtiennent des taux beaucoup plus bas. 

L’impact de Bâle III

Mathilde Paoli : Il y a effectivement au premier semestre 2015 une abondance de liquidités peu coûteuses. Néanmoins, les PME restent structurellement  pénalisées par les ratings de Bâle III pour leurs financements bancaires. Ainsi, quand les PME veulent se développer, elles sont confrontées au plafond d’engagement des banques. Alors même que chaque banque considère individuellement que la société a la capacité d’endettement nécessaire à l’emprunt.

De fait, les entreprises ont besoin de faire appel à des ressources alternatives. Cela nous conduit à réaliser des tours de table avec des banques, mais également avec d’autres acteurs du financement.

Par ailleurs, au-delà de la rareté de la liquidité bancaire, les entreprises se heurtent à une complexification des process et des négociations bancaires. En effet, du fait des ratings internes mis en place par Bâle III, il est très difficile désormais pour les banques d’offrir de la prise ferme ; c’est-à-dire prendre la totalité du financement dans leur bilan et le syndiquer ensuite à d’autres prêteurs. C’est d’autant plus difficile que la titrisation de créances (qui facilité la syndication – notamment les CLOs) est rare pour les PME. Avant Bâle III, les sociétés avaient la possibilité de mettre les établissements bancaires en concurrence, dont chacun pouvait prendre 100 % du financement. Ce n’est pratiquement plus le cas aujourd’hui. Dans les processus de négociation avec les banques et l’ensemble des financeurs, il faut avoir des discussions bilatérales avec chacun des financeurs pour ensuite les rassembler – sous peine de voir les termes les plus défavorables être imposés par chacun d’entre eux dans le cas d’une discussion groupée. Avec Bâle III, les rapports de force entre les PME et les banques se sont ainsi profondément modifiés : les processus de financement sont devenus beaucoup plus complexes et nécessitent une préparation en amont.

Olivier Casanova : Cette problématique touche davantage les grandes sociétés. Le modèle «originate to distribute» fonctionne uniquement lorsqu’il y a des reventes de crédits notés offrant la possibilité d’être replacé auprès d’autres banques moins actives sur le marché. Pour les PME, ce n’est pas encore possible à l’heure actuelle, sauf à créer des portefeuilles de dizaines de milliers de lignes, susceptibles d’être titrisés. Pour des financements de petite taille, le modèle «originate to distribute» n’est pas encore facile à réaliser. 

 

Dominique Caignart : Aujourd’hui, les banques  tiennent très bien le marché des PME. Au sein de Bpifrance, nous avons beaucoup progressé en part de marché dans les ETI, notamment du fait du pré-financement du CICE. Nous avons là un produit assez unique qui  séduit beaucoup, et nous a permis d’évaluer la qualité intrinsèque de ces ETI. Finalement, les belles ETI indépendantes affichant des ratios séduisants pour les prêteurs, sont relativement peu nombreuses en France, facilement identifiables et donc très courtisées par toute la profession y compris de nouveaux acteurs étrangers. Pour ces ETI, le financement est donc relativement aisé. En revanche, la taille et la diversité du marché des PME impliquent des approches et solutions plus diverses. Avec les produits que Bpifrance a développés, nous parvenons à optimiser les plans de financement. Par effet de levier, nous permettons ainsi à nos partenaires bancaires même déjà fort engagés de suivre leurs clients en forte croissance. En revanche la concurrence bancaire actuelle conduit à des comportements tarifaires anormalement bas alors même que pour des emprunts à 7 ans sans garantie, de type prêt de développement, un pricing spécifique doit s’appliquer suivant les cotations des entreprises, ce que le marché semble occulter en ce moment. 

Comment concevoir l’accompagnement sur la durée ?

Olivier Millet :Dans une économie sans croissance, pour faire plus de 10 % de croissance et donc créer de la valeur, il est nécessaire de changer la taille de l’entreprise. Il faut bien avoir à l’esprit que le changement de taille d’une PME se joue sur le long terme, sur une durée de 5 à 10 ans. Etre une société d’investissement nous ouvre la possibilité de nous placer sur des durées un peu plus longues que la moyenne du capital investissement, bien que nous ayons également un enjeu de rotation de notre portefeuille. Mais pour l’heure, savons-nous à quoi sert toute cette quantité de financements disponibles ? Est-ce que nos PME et nos ETI sont en train d’investir ? C’est là à mon sens que se trouvent les véritables enjeux et la responsabilité des équipes dirigeantes et des actionnaires de ces entreprises. Même en injectant beaucoup de financement, le résultat reste faible. Il reste une quantité de travail en France à abattre et pourtant, nous sommes dotés d’un talent managérial très supérieur à ce que l’on peut voir dans beaucoup de pays. Nous disposons d’une qualité d’entreprises remarquable. A mon sens, une PME qui survit à la France a des capacités exceptionnelles d’expansion en Europe et dans le monde! Car le contexte actuel n’est pas simple et ne devrait pas se simplifier à l’avenir. Cette évolution est liée à la réglementation, mais aussi aux problématiques qui se posent aux entreprises de taille moyenne : comment s’exporter à l’international pour une entreprise qui a un EBITDA de l’ordre de 5 millions d’euros ? Le sujet du redémarrage de l’économie est le même que celui du développement des PME. Et pour ce faire, il faut une alliance forte entre talent managérial et talent actionnarial. Les actionnaires ont le devoir d’apporter quelque chose dans le système, autre que le financement.

 

Diane de Moüy : A l’heure actuelle, l’environnement réglementaire n’est en effet pas simple pour les PME. Mais certains freins sont en train d’être levés. C’est le cas notamment des procédures collectives. La législation peu favorable aux créanciers jusqu’à une époque récente pouvait détourner certains acteurs étrangers du marché français ce qui constituait un frein au développement. La législation a été modifiée l’année dernière. Il reste néanmoins des marges d’améliorations importantes dans d’autres domaines qui pourraient permettre aux entreprises de se recapitaliser plus facilement et de se développer de manière plus importante. 

 

Arnaud Heck : Le CLO est un cas assez intéressant. Il est aujourd’hui victime d’une mauvaise réputation pas forcément justifiée. Le CLO a son utilité, il représente en France entre 10 et 20 milliards de financements d’entreprises. Et pourtant, il n’y a en France aucun CLO créé sur les quatre ou cinq dernières années. Tous ceux investissant en France sont détenus par des investisseurs étrangers. Cela est un élément illustrant le risque de ne pas voir se développer suffisamment d’alternatives domestiques. Pour prendre le cas irlandais, que je connais bien, nous avons assisté à un retrait rapide des acteurs étrangers suite à la chute immobilière, qui à eux seuls couvraient 35 % des besoins en financement des entreprises irlandaises. Ce retrait a démultiplié l’effet de la crise qui, depuis l’immobilier, s’est propagée à l’ensemble de l’économie. Il est donc très important d’avoir de bons acteurs étrangers en France. Il est tout aussi important d’avoir un écosystème français solide.

 

Dominique Caignart :Bpifrance a comme priorité le cofinancement via des prêts ou du capital des entreprises de croissance en phase d’investissements et de développement et s’interdit notamment de refinancer sans aucune valeur ajoutée des dettes bancaires antérieures. En France, les encours de crédits bancaires aux PME et ETI progressent d’environ 2 %, alors même que nous avons sur 2015 l’impression d’une activité bancaire intense mais qui est donc en partie liée à une forte activité dans les rachats d’encours.  Au sein de Bpifrance, nous avons identifié l’innovation et l’international comme étant des axes majeurs de développement. Notre partenariat avec Business France et la Coface a largement conforté notre présence et notre offre vers  les PME et ETI tournées vers les marchés extérieurs. Même lorsque les entreprises n’ont pas des tailles de bilan très importantes, nous les préparons et les structurons pour qu’elles puissent s’engager à l’international  dans la durée et  avec les moyens suffisants. Cela passe par de l’accompagnement, des Prêts «Export» ou des garanties spécifiques mais parfois aussi par une augmentation de capital.

 

Arnaud Heck : Nos analyses PwC montrent que 70 % des émissions en 2014, étaient en fait des refinancements. 

 

Diane de Moüy : Ceci répond donc à la question : qu’avons-nous fait de la liquidité ?

Un autre axe où la situation des PME et ETI peut être améliorée est celui du financement des exportations françaises garanti par la COFACE. Ces financements permettent de soutenir les exportations françaises car ils offrent aux exportateurs français la possibilité de proposer à leurs contreparties des financements dans un marché où ce financement ne serait autrement pas disponible (en raison du risque politique notamment). L’exportateur peut ainsi proposer des solutions de financement à son client étranger (ce qui facilite la passation du marché). Accessibles aux grands exportateurs français, les crédits export sont peu pratiqués par les PME/ETI français alors qu’ils sont plus largement disponibles à l’étranger pour les PME et ETI. Pourtant, beaucoup de PME et ETI ont de réels besoins de financement pour accompagner leur développement à l’étranger et disposer des mêmes moyens que leurs concurrents étrangers dans ce domaine. Bpifrance propose désormais ce type de financements, dans des conditions simplifiées, aux PME françaises, ce qui devrait leur donner de nouveaux moyens à l’international.

 

Dominique Caignart : Il est vrai qu’il existait une faille de marché pour une certaine taille de contrats. Nous avons décidé de créer ce crédit acheteur/fournisseur à l’international à la fin de l’année dernière et venons d’accorder les premiers dossiers ! En l’occurrence pour cette nouvelle offre, la réaction de nos partenaires bancaires et du marché a très rapidement généré un deal flow très prometteur. Avec la gamme actuelle, notre rôle est d’aider les entreprises françaises à exporter, notamment des biens d’équipements, en les dotant de garanties et de couvertures crédits nécessaires.

 

Marc Legardeur : Le problème du développement à l’international se pose davantage au sein des entreprises qui sont en phase R&D qu’au sein des entreprises matures. Finalement, nous avons peu de chefs d’entreprises qui s’ouvrent à l’international au sein des entreprises matures. Peut-être est-ce dû au fait que nous les accompagnons dans une période de leur vie où ils sont en phase de vente ou de transmission de leur entreprise. La problématique du développement à l’international ne se pose jamais au moment du départ du chef d’entreprise.

 

Olivier Millet : C’est un vrai problème pour l’économie française. Il est naturel qu’une famille qui a créé et développé une entreprise depuis plusieurs générations, même avec un patrimoine important, ne parvienne pas à partir seule à la conquête de nouveaux marchés. La liquidité patrimoniale étant très difficile, de très belles sociétés françaises sont en train de prendre un retard considérable sur l’internationalisation. Ceci peut être critiquable sur le plan macro-économique, mais peut ne pas l’être sur le plan patrimonial. Il y a aujourd’hui une vraie urgence à faciliter le ré-emploi des fonds et à rendre possible une sortie de l’ISF lorsque le fruit de la cession d’une entreprise est réinjecté dans l’économie réelle. Il faut permettre au dirigeant qui a cessé son activité de devenir actionnaire ou prêteur, afin qu’il puisse réengager ses liquidités dans l’économie en finançant les start-up, par exemple. 

 

Marc Legardeur : Le pire choc a eu lieu il y a trois ans, lorsque beaucoup de chefs d’entreprise avaient préparé leur transmission ou leur vente. C’est à ce moment-là que la fiscalité a évolué. Beaucoup de dirigeants ont ainsi vu disparaître 55 % de ce qu’ils possédaient. Cette période a incité les autres chefs d’entreprise à figer leur développement. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles 70 % des prêts existants refinancent de la dette. Les chefs d’entreprise ne se lancent plus à l’heure actuelle dans des développements lourds. Ils entretiennent leur entreprise, mais ne la développent plus.

 

Olivier Millet : Reste que le marché bouge très vite en Europe comme dans le monde. Et ne faire qu’entretenir son entreprise correspond en fait à la faire reculer. Tout cela montre qu’à l’heure actuelle, les sujets de fiscalité sont fondamentaux.

 

Olivier Casanova :Nous sommes par ailleurs nombreux à militer pour qu’il y ait un traitement fiscal privilégié sur les obligations. En France, nous avons à l’heure actuelle un problème de direction de l’épargne y compris dans des produits de type obligataire qui sont encore inexistants, du fait d’une fiscalité inadaptée. 

 

Mathilde Paoli : Il serait inexact de dire que les liquidités injectées pour les refinancements ne servent pas à financer le développement. S’agissant des PME, le refinancement est tout de même très souvent du financement d’exploitation. 

Je vous donne pour exemple le groupe Rossignol que nous venons d’accompagner pour son refinancement. Ce groupe en forte croissance, doté d’un EBITDA de 15 millions d’euros l’année dernière, avait un besoin en refinancement de 150 millions d’euros constitué quasi exclusivement de financement de stocks et de créances pour accompagner sa croissance. En réalité la totalité du refinancement était destinée à financer le développement du groupe.

Richard Dalaud :Effectivement. Mais il y a aussi des besoins de financements importants pour accompagner le développement et la transformation des entreprises, et dans ce cas, on ne peut pas faire l’économie d’avoir un équilibre entre le financement en dettes et les fonds propres. Cet équilibre engendre un effet vertueux : les fonds propres renforcent la capacité d’emprunt bancaire. Ces fonds propres peuvent prendre la forme d’intervention au capital ou d’intervention sous des formes plus hybrides telles que la mezzanine. Dans tous les cas, il s’agit pour nous d’accompagner ces entreprises et de les faire grandir en partageant les risques. 

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