L’heure n’est plus à la frénésie. Le M&A semble revenir à des niveaux « plus normaux », d’avant crise sanitaire, avec un ralentissement global des opérations, tous secteurs confondus. Après deux années de forte croissance et de climat très favorable aux vendeurs, la tendance se renverse en faveur des acheteurs. Nombre de cabinets d’avocats d’affaires, sondés dans le cadre de notre classement, s’attendent à un marché encore soutenu d’ici la fin de l’année, mais constatent dans le même temps une forme d’attentisme depuis le printemps. Les incertitudes sont fortes compte tenu du contexte économique, international et politique. Et les premiers effets n’ont pas tardé à se faire sentir depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Le secteur des fusions-acquisitions doit faire face à des taux qui augmentent, des financements qui sont plus difficiles à lever et des secteurs touchés par la crise énergétique. Si le mid et le small cap sont pour l’heure plutôt préservés, surtout sur les secteurs résilients, les deals de taille significative sont particulièrement dans le collimateur en raison du resserrement du marché de la dette. Plusieurs process se sont même arrêtés dans le cadre d’opérations supérieures à un milliard d’euros. « Nous nous trouvons dans une phase d’ajustement des valorisations entre le monde d’avant et le monde d’après », constate Henri-Pierre Vacher, partner private capital au sein du cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman.
Cela n’a pas empêché Bouygues de boucler cet automne le rachat d’Equans, entité dédiée aux services multi-techniques détenue par Engie, pour 6,5 milliards d’euros. Dans le viseur du groupe de BTP, il s’agit de constituer un des leaders mondiaux du marché des énergies et des services. Et pour cela, le « chantier prioritaire » est « l’amélioration de la profitabilité et du cash-flow », dixit son directeur général délégué et directeur financier, Pascal Grangé.