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Activité et perspectives du marché de la cession-transmission de PME en France

Publié le 3 juin 2022 à 14h55

In Extenso Finance et Transmission    Temps de lecture 9 minutes

Par Marc Sabaté, associé & directeur général d’In Extenso Finance et Transmission

Quelle est la tendance actuelle du marché des cessions et acquisitions de PME en France ?

Après une année 2020 de crise sanitaire et de crise économique sans précédent, le marché de la transmission a bénéficié d’un effet de rattrapage exceptionnel sur 2021 avec une hausse de 41 %, côtoyant en volume les niveaux records de 2019.

Au-delà de cet effet de rattrapage, ce volume important d’opérations s’explique par le fait que les confinements successifs ont poussé de nombreuses entreprises à prendre du recul sur leur stratégie de développement, à décider de se recentrer sur leurs activités phares en cédant leurs activités annexes ou, à l’inverse, en accélérant leur stratégie de croissance externe. Au total, après une année 2020 de « stop and start », l’année 2021 a été l’année du « rebond », probablement avant celle du « restart » : celle d’une nouvelle dynamique de ce marché des cessions et acquisitions, basée sur des tendances fortes de digitalisation des entreprises, d’intégration des paramètres RSE et d’investissement dans la transition écologique.

Comment regardez-vous les évolutions de ce marché dans les mois à venir ?

Le premier trimestre 2022 reste actif avec un encours important d’opérations, même si l’on constate un tassement relatif du volume de closings ; effet pendulaire répondant à un rebond qui a été exceptionnel. Cela étant, le contexte conjoncturel, depuis l’été 2021, et géopolitique ces derniers mois, fait naître de nouvelles inquiétudes et interrogations. Les marchés doivent intégrer une forte montée des incertitudes, marquée par les conflits internationaux en cours, l’augmentation du coût des matières premières, ou encore les difficultés d’approvisionnement et de recrutement.

Des discussions que nous avons sur ce premier trimestre 2022 avec les dirigeants de PME sur leurs risques et leurs enjeux, nous pouvons relever que la plupart des PME arrivent à gérer avec une certaine agilité ce climat d’incertitude permanent. Elles sont moins exposées que les grands groupes aux conflits internationaux et à leurs impacts immédiats. Pour le moment, elles n’ont pas encore complètement répercuté la hausse du coût des matières premières ; mais cela devra intervenir d’ici la fin de cette année, avec un impact certain dans leurs comptes et une inflexion des valorisations futures.

Qu’en est-il au niveau des différents secteurs d’activité ?

Dans l’ensemble, tous les secteurs d’activité ont bénéficié de l’effet « rebond » de 2021 avec une croissance du nombre de transactions. Les secteurs les plus exposés à la crise du Covid-19 avaient mécaniquement vu le nombre d’opérations chuter en 2020. C’était le cas du BTP, des biens d’équipement, du tourisme et de l’hôtellerie. Pour ces secteurs, le rebond sur 2021 a été démultiplié. On constate ainsi des hausses de transactions de 86 % dans le BTP, 57 % dans la distribution, ou même 188 % sur les biens d’équipement. Après un « Stop & Go » qui a bouleversé les habitudes des Français, la consommation des ménages est repartie à la hausse sur 2021 avec des secteurs refuges comme l’alimentation, l’équipement de la maison, etc.

A contre-courant de ces tendances 2020 et 2021, portées par les tendances de fond de digitalisation, d’innovation et de financement par la dette, les secteurs les plus résilients comme l’agroalimentaire, la santé-pharma et les technologies, médias et télécommunications ont continué à croître en 2021.

Qui sont les acquéreurs ?

Du côté des acquéreurs, les fonds d’investissement avaient en 2020 priorisé la consolidation et la protection des actifs existants en mettant en place une stratégie centrée sur leurs propres activités et celle de leurs participations. En 2021, ils sont revenus activement sur le marché de l’acquisition avec un appétit renouvelé pour des opérations smid-cap. Avec 14 % de part de marché, les fonds d’investissement reviennent aux niveaux antérieurs à 2020.

La très grande majorité des opérations est réalisée par des acquéreurs français (83 %). Au niveau des acquéreurs hors France, il est à noter que le Royaume-Uni, qui était en retrait en 2020 dans le podium des pays acquéreurs, a digéré le phénomène post-Brexit et est devenu pour la première fois le premier pays acquéreur avec plus de 40 opérations bouclées en 2021, devant les Etats-Unis, l’Allemagne et la Belgique, soulignant ainsi que la France garde son pouvoir d’attractivité.

Comment est organisé In Extenso Finance & Transmission pour répondre aux enjeux de ses clients, cédants comme acquéreurs ?

Dirigeants de PME/ETI, entrepreneurs… l’origine variée de nos associés, leur grande expérience de l’entreprise et leur présence permanente, à toutes les étapes du process, nous permettent de comprendre les enjeux de nos clients et de les accompagner au plus près de leurs réalités. Fondées sur l’expérience et la réactivité, nos interventions contribuent à identifier la bonne décision et à garantir une parfaite exécution à chaque étape du process.

Nos 60 collaborateurs, qui pilotent chaque année près d’une centaine d’opérations, ont pour mots d’ordre confidentialité, qualité et disponibilité tout au long de l’opération. Cela permet de peser positivement sur la durée moyenne des opérations avec des délais de réalisation entre six et huit mois, y compris la phase de préparation.

Dans tous les cas, notre vision est partagée avec les dirigeants et actionnaires de PME et d’ETI qui doivent en permanence s’interroger sur la façon de bien valoriser leur capital dans un monde plus incertain, complexe et volatil. Dans une économie fortement financiarisée dont l’un des moteurs est la capacité à « bouger » plus vite que ses concurrents, le temps est une variable clé.

Aussi, pour optimiser une transaction et être « apporteur de valeur », aux côtés du dirigeant et de l’entreprise, nos équipes intègrent la dimension stratégique des axes de développement de nos clients et de leurs marchés. Cette dimension conseil et valeur repose sur un double maillage : sectoriel et territorial.

Notre organisation par secteurs économiques permet le juste dialogue avec les dirigeants et s’accompagne de rencontres et d’événements périodiques, avec les dirigeants entrepreneurs mais aussi avec l’écosystème du dirigeant : fonds d’investissement, banques, sociétés holding de participations, sociétés de gestion patrimoniale, etc. Ces échanges nourrissent en pertinence et en qualité les missions de croissance externe que nous menons.

Notre singularité réside également dans notre maillage du territoire français, doublé d’une ouverture internationale. Implanté dans 15 villes, IEFT constitue un réseau régional M&A unique en France, largement complété par les 250 implantations du groupe In Extenso. Cette proximité nous permet d’avoir une connaissance fine du tissu économique local, d’identifier des cibles régionales disponibles à l’acquisition, de parler de façon privilégiée aux dirigeants des PME/ETI de leurs projets de développement, et d’intégrer leurs enjeux géographiques.

Notre ambition demeure toujours de proposer une offre de service extensive et sur mesure aux entrepreneurs et dirigeants de PME et ETI sur l’ensemble des territoires, en forte imbrication avec la palette de services du groupe In Extenso, qui s’est étendue avec la création de In Extenso Financement & Marché, la nouvelle offre debt equity advisory du groupe et son équipe dédiée qui accompagne les dirigeants dans le financement et le développement de leur entreprise et les conseille pour l’organisation de leur communication financière réglementaire et l’analyse financière à destination du marché boursier. 

Régions et transmission : panorama annuel des cessions et acquisitions de PME

Conçu pour permettre d’évaluer dans le temps le dynamisme relatif des régions et son évolution en matière de transmission de PME, le Panorama annuel régions et transmission est issu d’un important travail de collecte, de recoupement et d’analyse mené par les spécialistes d’Epsilon Research et d’In Extenso Finance & Transmission.

Véritable outil de mesure de la dynamique des régions en matière de cession/acquisition de PME, le Panorama régions et transmission recense et analyse chaque année les transactions portant sur les entreprises de 1 à 50 millions d’euros de volume d’affaires.

Au total, avec 1 172 opérations recensées, le volume des transactions a augmenté de 41,4 % en 2021 par rapport à l’année 2020, proche du niveau record observé en 2019 (1 300).

Un fort effet de rattrapage est observé dans les régions impactées en 2020, l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes sont toujours en tête de classement.

La géographie des opérations analysées

83 % de ces transactions sont conclues entre entreprises françaises – et au sein d’une même région dans 23 % des cas.

Une majorité des deals (64 %) recensés se déroule en régions, en dehors du bassin parisien. Si l’analyse région par région illustre la prédominance de l’Ile-de-France (36 % des transactions), la région Auvergne-Rhône-Alpes accueille 14 % des opérations.

La plupart des secteurs pénalisés en 2020 bénéficient d’un effet rattrapage

En 2021, l’allègement des protocoles sanitaires, l’adaptation des entreprises et la reprise économique ont permis aux opérations de fusion-acquisition de repartir dans certains secteurs qui avaient été particulièrement fragilisés en 2020, comme le BTP (+ 78 %), la distribution (+ 57 %) ou les activités de biens d’équipement (+ 188 %). En revanche, dans les secteurs particulièrement exposés aux mesures sanitaires, tels que l’automobile, l’aéronautique, le tourisme, l’hôtellerie et les loisirs, les opérations de fusion-acquisition ont continué à être différées, les cédants attendant que leur activité reparte pour que leur entreprise soit mieux valorisée. Dans les secteurs qui avaient réussi à tirer leur épingle du jeu pendant le pic de la crise sanitaire de 2020, le volume des opérations est resté en croissance. Ainsi, dans l’agroalimentaire, qui avait bénéficié de l’ouverture quasi exclusive des commerces essentiels en 2020, le volume des opérations a continué de croître de 10 % en 2021. Dans les secteurs de la santé et de la pharmacie (+ 18 %), des technologies, médias et télécommunications, le nombre d’opérations a également continué de croître.

Le retour des fonds d’investissement et des sociétés cotées sur le marché du « smid »

Si les sociétés non cotées demeurent en tête des acquéreurs sur le marché du M&A (65 %), l’année 2021 a été marquée par un retour des fonds d’investissement (14 %) et des sociétés cotées (13 %) qui, en 2020, avaient revu leur stratégie de build-up pour se recentrer sur leurs propres activités et celles de leurs participations. 

En 2021, les fonds sont revenus sur le marché de l’acquisition avec un appétit renouvelé pour des opérations smid-cap. En 2021, les sociétés cotées ont ainsi été particulièrement actives sur le secteur santé-pharma, représentant 31 % des acquéreurs. Les fonds d’investissement ont, quant à eux, été très présents sur le secteur de l’énergie, des matières premières et de la chimie (28 % des acquéreurs).

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