Table ronde

Investissements en Afrique : tendances et défis

Publié le 2 décembre 2016 à 15h15    Mis à jour le 29 juin 2021 à 10h29

Propos recueillis par Lucy Letellier et Ondine Delaunay

La croissance économique du continent africain est particulièrement dynamique depuis dix ans. Malgré les différentes crises mondiales, le continent fait preuve d’une grande résilience. Ses besoins de financement sont estimés par la Banque mondiale à 90 milliards de dollars pour les 15 années à venir et la population est appelée à doubler d’ici à 2050. Le continent est désormais placé sur les radars des investisseurs internationaux. Mais tous les pays sont-ils visés ? Quels sont les secteurs privilégiés ? Quel mode d’emploi suivre pour s’assurer du succès de l’investissement ? Autant de questions auxquelles répondent quelques experts du marché.

Etat des lieux du marché

Hervé Schricke, président  Club Afrique, AFIC : Le capital-investissement a vocation à apporter des capitaux propres à des entreprises en création ou ayant des projets de croissance. Si son développement en Afrique est hétérogène, à l’image de la croissance économique du continent, il est toutefois en forte accélération. Il a vu le jour en Afrique du Sud dans les années 1990. Il s’est ensuite développé en Afrique du Nord et plus particulièrement en Tunisie, avant de gagner à la fin des années 1990, le Maroc. Ces deux régions sont les plus avancées en termes de capital-investissement, de même que l’Afrique de l’Est qui connaît une forte montée en puissance. Quant à l’Afrique de l’Ouest, en dehors du Nigeria, elle est pour l’instant moins active. Elle connaît cependant une phase de rattrapage car la zone économique est en plein développement et est moins affectée par la baisse des prix des matières premières.

La France a des liens anciens avec cette zone. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’AFIC (Association française des investisseurs pour la croissance) a créé l’an passé le Club Afrique avec une tonalité francophone, sans pour autant que cela soit exclusif, bien au contraire. Le Club, dont l’objectif est de contribuer à donner aux entreprises africaines les moyens de leurs ambitions, réunit déjà plus de 300 membres, français, européens et africains, experts et investisseurs, dont des non-membres de l’AFIC. Ceci démontre l’intérêt et le potentiel du capital-investissement sur le continent africain. Il représente environ un tiers du capital-investissement français pour un continent à forte poussée démographique qui compte à ce jour plus de 1 milliard d’habitants. Un potentiel incroyable ! Cette statistique fait référence au capital-investissement, hors infrastructures, dans sa définition globale : grandes opérations, plutôt sous forme de buy-out, parfois majoritaire mais rarement, et le capital-innovation qui est naissant en Afrique de l’Est et de l’Ouest, ainsi que le capital-développement qui représente la plus grande part du marché et qui se développe notamment avec les fonds d’impact sur des dossiers de petite taille avec des sociétés locales et nationales. Les investissements plus importants ne sont pas en reste. Dès lors qu’un investisseur commence par un maillon de la chaîne un peu bas, il n’a qu’une idée : celle d’investir dans des dossiers plus importants.

L’un des challenges du capital-investissement en Afrique notamment est de trouver un moyen de mobiliser l’épargne nationale, notamment pour les dossiers d’investissement plus modestes, en complémentarité avec l’action des banques. Pour faire face aux besoins en matière d’emplois qui s’élèveront à 400 millions d’ici 2050, la solution se trouve hors secteur public. Cette solution viendra plus de l’entrepreneuriat que des grands groupes.

Le secteur des infrastructures

Jean-François Marco, Senior Investment Director, Meridiam Infrastructure : Meridiam est une société française d’investissement, créée en 2005 par Thierry Déau, spécialisée dans le développement, le financement et la gestion de projets d’infrastructures publiques sur le long terme (25 ans). Elle intervient en amont des projets avec des partenaires techniques et financiers clés pour les accompagner jusqu’à l’étape de mise en exploitation et nous restons la plupart du temps actionnaire majoritaire ou de référence du projet. Meridiam gère aujourd’hui 5 milliards d’euros d’actifs investis dans 50 projets à travers le monde, principalement en Europe et en Amérique du Nord.

En 2015, Meridiam a levé un fonds africain qui a pour objectif d’investir 300 millions d’euros en réalisant une douzaine d’investissements (de 10 à 40 millions d’euros chacun) dans des projets d’infrastructures sociales, de transports ou d’énergie propre.

Nous avons très rapidement constaté que le financement n’est pas une difficulté sur le continent africain. En revanche, même si le besoin en infrastructures est incontestable, le manque de projets est criant.

Nous souhaitons nous positionner sur le continent comme des partenaires et des fournisseurs de solutions éprouvées et compétitives, pour accompagner sur le long terme un développement durable sur tous les plans : économique, social et environnemental.

Nous intervenons donc très en amont sur des projets, en greenfield, c’est-à-dire avant la construction. La plupart des investisseurs cherchent des projets «clés en main» ­construits ou en cours de construction, mais avant d’y arriver, le chemin est semé d’embûches et nous manquons parfois d’appuis en phase de développement. Certains acteurs tels que Proparco, qui nous accompagne en Afrique, l’ont bien compris et cherchent à tenir ce rôle. Aujourd’hui, nous avons déjà investi dans trois projets, deux solaires au Sénégal et un projet d’aéroport à Madagascar.

Lubomir Roglev, associé, DS Avocats : Lors de la COP 22, la communauté des développeurs d’énergie renouvelable était très fortement représentée. Leur constat est effectivement le vôtre : ils n’ont pas toujours d’appui en amont des projets alors que les investisseurs sont nombreux dès que le projet est mis en place. Ils indiquent qu’un des rares industriels qui prend des risques en amont est l’Italien Enel. J’ai par ailleurs échangé avec des investisseurs japonais qui, forts des 30 milliards d’euros mis à disposition dans le cadre de la TICAD VI, hésitent à se positionner sur des projets greenfield. Africa50, qui est un véhicule d’investissement dédié au financement des infrastructures en Afrique, a pour objectif d’intervenir dans la phase la plus risquée d’un projet, mais a des difficultés à démarrer son activité. La recherche d’un PDG a notamment ralenti son déploiement.

Eric Villateau, associé, DLA Piper : Cette problématique de gouvernance les a effectivement ralentis, tout comme leur souhait premier de faire de la dette avec probablement par la suite un recentrage sur de l’equity en soutien du maillon manquant que vous avez identifié.

Lubomir Roglev : Le projet de Jean-Louis Borloo va également dans ce sens. L’ambition, nourrie de plusieurs milliards d’euros réunis sous forme de subventions, est de rendre ces projets finançables par les banques dès la phase de conception.

Olivier Mélédo, associé, Mayer Brown : La principale difficulté en matière d’énergies renouvelables, et plus particulièrement en énergie solaire, est que les Etats africains n’ont pas encore décidé de mettre en place un feed-in tariff, qui constitue pourtant la démarche indispensable afin de faire naître ces projets. L’Afrique du Sud a pourtant lancé, grâce à ce mécanisme, un guichet ouvert afin d’attirer les investisseurs. Les Etats africains restent pour la plupart dans une logique d’appels d’offres qui constituent des procédures chronophages et coûteuses, qui nuisent à la création d’une filière solaire génératrice de projets. Or l’appel d’offres n’est pas un prérequis. Il est tout à fait possible de fixer un juste prix d’achat de l’électricité au regard du coût moyen alternatif de production des capacités électriques existantes. Les investisseurs, sur la base d’un guichet ouvert assorti d’un feed-in tariff, devraient pouvoir se lancer dans l’élaboration et la construction d’un projet plutôt que d’attendre qu’une procédure d’appel soit lancée afin de déterminer quel serait le meilleur enchérisseur. Ceci est d’autant plus vrai pour des projets de petite taille, se situant entre 2 et 20 mégawatts, qui pourraient ainsi être facilement lancés.

Eric Villateau : L’approche sectorielle illustrée par l’initiative «Scaling Solar» initiée par la Banque mondiale part des mêmes constats que ceux faits précédemment : recours aux appels d’offres ou autres approches, manque de moyens des développeurs locaux, difficulté pour s’entourer des compétences nécessaires, délais de développement trop longs. C’est une initiative sectorielle, peut-elle être répliquée dans d’autres secteurs ou pas ?

Lubomir Roglev : Il serait également nécessaire de mettre en place une réglementation spécifique pour les projets d’électrification ruraux tels que les mini-unités de production et les mini-grids, car il est à ce jour impossible pour certains pays d’installer des câbles grande distance pour des raisons financières mais également réglementaires, voire de maintenance et de préservation.

Amir Jahanguiri, associé, Willkie Farr & Gallagher LLP : Il semble que les projets d’électrification rurale passant par l’interconnexion et la constitution d’un réseau électrique national soient devenus un peu obsolètes. L’Afrique devrait vraisemblablement connaître en matière d’électricité le même phénomène qu’en matière de télécoms. Dans ce domaine, l’Afrique a fait l’impasse sur la constitution de réseaux filaires et a opté directement pour la technologie cellulaire. L’électrification rurale en Afrique ne passera pas par l’interconnexion et la constitution de réseaux nationaux, mais par la mise en place de petits réseaux isolés («mini-grids») alimentés par des équipements de production d’énergie renouvelable (en particulier solaire). Il y aura ça et là (et surtout dans les pays disposant de réserves d’hydrocarbures) des projets d’équipements de productions à base d’énergie fossile destinés à des consommateurs industriels implantés dans les zones en question.

Lubomir Roglev : Un des objectifs du projet de Jean-Louis Borloo s’inscrit dans cette logique d’aider les projets de taille petite et moyenne. Les grands projets stratégiques en matière d’électricité en Afrique sont actuellement l’apanage de Power Africa. L’idée n’est pas de la concurrencer. Le problème de la réglementation demeure cependant pour l’ensemble des projets. Nous nous sommes penchés sur la question avec un opérateur pour un projet rural au Sénégal : la réglementation date des années 1980.

Olivier Mélédo : Ces sujets sont nouveaux, la réglementation doit donc s’adapter et il faut laisser le temps au législateur de travailler. Le secteur de l’électricité est aujourd’hui essentiellement régulé par une législation standard, qui prévoit notamment le monopole des distributeurs et des opérateurs des systèmes de transmission ; ce qui n’est pas compatible avec les projets indépendants de production d’électricité (IPP) off-grid qui ont besoin de pouvoir proposer d’intégrer leurs propres lignes de transmission. La régulation doit donc prendre en compte les mini-grids et les projets off-grid et ainsi permettre à ces acteurs d’électrifier les populations locales, sans nécessairement passer par le réseau national qui est de toute façon bien souvent inexistant.

Anne-Sophie Rakoutz, Head of the Private Equity Division, Proparco : L’infrastructure est un sujet très spécifique du capital-investissement. Sur ce secteur nous, Proparco, constatons que plusieurs solutions peuvent coexister et restent valables selon les zones géographiques (processus d’enchères ou feed-in tariff, grand projet connecté ou bien projets off-grid et mini-grid).

Plus généralement sur le capital-investissement, lorsque l’on regarde les chiffres historiques (jusqu’à 2015, source EMPEA), on constate une concentration géographique des investissements, avec trois locomotives (Kenya, Nigeria et Afrique du Sud) et d’autres pays peu présents voire totalement absents ; une concentration des gestionnaires sur des grosses opérations et peu d’acteurs sur les segments small et mid cap. En tant que DFI, nous sommes présents pour des segments moins adressés par le marché (intervention en phase de développement sur les projets d’infrastructures ou sur les fonds de taille moyenne s’adressant aux PME – segment small/mid cap – en appui d’équipes locales).

Sur l’aspect sectoriel, les infrastructures et les énergies renouvelables représentent un énorme enjeu, avec sans doute la santé et l’éducation qui sont sous-investis. Les constats établis récemment montrent que les investissements publics (notamment dans l’éducation ou la santé) sont insuffisants, le relais du secteur privé a donc du sens.

S’agissant des énergies renouvelables, nous intervenons sur tous les pays en développement, en Asie, Amérique latine et Afrique. Nous constatons, selon les zones, que le feed-in tariff comme les processus d’enchères ont leurs mérites, et qu’un PPA long terme sur une bonne contrepartie peut attirer des investisseurs privés. De notre côté, nous intervenons généralement en amont, dans des phases de développement du projet et au moment du closing financier car c’est là que sont les besoins. Nous accompagnons également des acteurs, comme Schneider, sur des projets grid ou mini-grid. Mais il n’existe pas de solution unique. L’offre grid propose aujourd’hui des capacités limitées aux populations vivant dans des zones reculées. On essaie donc d’avoir une démarche pragmatique et flexible pour s’adapter à chaque situation.

Amir Jahanguiri : Le constat que nous faisons à l’heure actuelle est que certaines infrastructures de transport national (en particulier les infrastructures routières et ferroviaires) et, de manière bien plus importante encore, les infrastructures d’intérêt social (écoles, universités, hôpitaux, etc.) sont totalement laissées de côté et n’attirent pas d’investissements privés ou quasi privés. Ces projets, pour ceux qui ont vu le jour, ont été financés par le secteur public ou par des formes étatisées d’investissement. Les besoins, pourtant importants, ne sont pas assouvis et les solutions traditionnelles de financement ne sont pas disponibles pour ces projets-là, car la contrepartie étatique ou quasi étatique est considérée comme étant trop faible pour que les projets en question soient rentables. La Côte d’Ivoire a quelques projets universitaires en PPP, mais ils n’ont pas encore vu le jour. Force est néanmoins de reconnaître que d’autres projets africains comme par exemple ceux portuaires, qui sont nombreux sur le continent et que je connais bien, attirent plus facilement des investisseurs privés et de la dette privée, car il s’agit de projets adossés non pas à une contrepartie étatique, mais à des contreparties privées qui sont de grands groupes internationaux. Ces projets sont souvent moteurs pour le développement de zones franches qui se sont d’ailleurs beaucoup développées récemment en Afrique, et leur éclosion a permis la création de mini-économies performantes en marge de l’économie nationale des pays concernés, créatrices d’emplois nationaux qualifiés et de production de biens et de services destinés à l’exportation à partir de ces territoires.

Bertrand Fournier-Montgieux, Associate Director, InfraMed et I&P Africa Infrastructure : Un certain nombre d’initiatives commencent à voir le jour. InfraMed, qui est un fonds d’investissement dédié au financement des infrastructures dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée, est en train de lever un nouveau fonds pour l’Afrique, le fonds I&P Africa Infrastructures. Ce fonds a vocation à participer au développement des projets – c’est-à-dire à être présent dès le début du projet – pour tout type d’infrastructure. Avec ce nouveau fonds, nous souhaitons participer au développement du capital-investissement dans les secteurs de l’énergie, de l’eau, de la santé et de l’éducation.

En Afrique, il est nécessaire de changer un peu de référentiel et de business model. Je suis d’accord sur le fait que certains schémas habituels doivent être soutenus comme le feed-in tariff ou les PPP. Cependant la question essentielle n’est pas tellement de savoir où trouver le financement pour les projets, mais qui va payer in fine. Les Etats africains et les sociétés nationales, comme les sociétés d’électricité, sont dans une situation difficile. Ils auront donc du mal à servir aux investisseurs des rendements satisfaisants sur 20 ou 30 ans. Nous demeurons cependant optimistes, d’où la levée de ce nouveau fonds, car nous pensons que l’initiative privée va être déterminante en Afrique. Les opportunités sont nombreuses.

Notre travail est d’accompagner les développeurs locaux dans la structuration de leur projet, pour trouver un business model qui fonctionne. Des projets innovants en termes de business model vont se développer dans les 10 prochaines années sur le marché des infrastructures, notamment dans le secteur de l’énergie avec l’émergence de projets off-grid ou mini-grid. Il va falloir inventer des logiciels nouveaux ne reposant pas uniquement sur l’Etat comme recours ultime du paiement, mais sachant tirer profit d’une classe moyenne en constante progression. On constate que les populations africaines sont progressivement prêtes à accepter un prix de marché réel. Certaines personnes payent déjà par exemple l’électricité plus cher que le tarif pratiqué par l’opérateur national auquel elles n’ont pas accès, pour pouvoir recharger leur portable.

Olivier Mélédo : Un contrat conclu avec un tarif de 15 centimes par kilowattheure présente un risque évident de défaut du PPA, quel que soit le prix auquel le consommateur final est prêt à payer son électricité. Il entraîne une cascade de conséquences et contraint in fine à la mise en place de garanties lourdes et complexes de type partial risk guarantee (PRG) du groupe de la Banque mondiale, qui sont régulièrement requises par les institutions de financement du développement (DFI) lorsqu’elles investissent et/ou prêtent dans les projets ; et ce, indépendamment de leur taille ou de leur nature (énergie de source renouvelable ou conventionnelle). Le rôle des DFI n’est-il pas aussi de favoriser l’émergence de filières nationales dans le secteur des renouvelables (solaire, hydro, éolien) par le soutien aux projets de taille intermédiaire en s’investissant dans la mise en place d’instruments permettant une garantie des paiements aussi efficace que la PRG, la complexité en moins ? Un cercle vertueux du développement de ces projets se met alors en place : en solaire, le tarif d’un projet on-grid de taille intermédiaire peut ainsi descendre à 10 centimes grâce à une dette moins onéreuse puisque garantie par les DFI, réduisant de ce fait le risque de défaillance de la contrepartie publique et donc de l’appel aux garanties.

Eric Villateau : Je suis d’accord. Les contreparties publiques ou parapubliques n’ont pas les moyens de payer les tarifs prévus dans les PPA. S’agissant des garanties souveraines demandées en couverture des PPA, aucun Etat ne va prendre le risque d’être défaillant et de voir appeler sa garantie, tout particulièrement dans le contexte du soutien à un projet d’infrastructure produisant de l’électricité et donc considérée comme importante par le pays. N’oublions pas non plus que des PPA peuvent aussi être signés avec des contreparties du secteur privé, de type industriel ou minier. La question de la solvabilité est alors bien évidemment très différente. Enfin, les tarifs de l’électricité solaire ou d’autres sources renouvelables sont compétitifs par rapport aux tarifs des énergies conventionnelles, exposées par exemple au prix du fuel et du gaz.

Jean-François Marco : Une précision, pour rebondir sur le tarif que vous évoquiez, à dix centimes d’euros le kilowattheure. C’est le tarif mis en œuvre au Sénégal qui permet à la société publique de gagner de l’argent. Elle va donc pouvoir vendre sur le marché, en réalisant une marge, devenir de plus en plus rentable et donc de plus en plus solide. C’est un cercle vertueux. Notre objectif est de développer des projets respectant nos critères en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) produisant de l’électricité à un prix correct et non subventionné.

Amir Jahanguiri : Pourtant au Maroc, la démarche exactement inverse a été suivie : le prix d’achat d’électricité a fait l’objet d’enchères (au moins-disant) dans le cadre des appels d’offres organisés par Masen (l’Agence marocaine de l’énergie solaire). Or c’est probablement le programme qui a connu le plus de succès à ce jour sur le continent africain. Il convient toutefois de noter que ce type de démarche a nécessité des moyens humains et matériels plus importants, ce qui n’est peut-être pas aisé dans d’autres pays africains.

Le capital-investissement en Afrique

Khady Koné-Dicoh, directrice d’investissement, Amethis Finance : Le débat est très centré sur les infrastructures qui sont effectivement nécessaires pour porter la croissance des pays. Chez Amethis, nous n’avons pas réalisé pour le moment d’investissements en infra. Nous misons sur la diversité, sur les secteurs portés par la classe moyenne : la distribution, la production de biens de consommation, les services financiers, la santé, l’éducation… Il est donc possible d’investir en Afrique sans faire de l’infra, de l’énergie ou des ressources naturelles. Et les acteurs sont d’ailleurs nombreux.

Je note trois tendances de fond. Premièrement, l’arrivée des grands fonds américains comme KKR ou Carlyle qui a levé en 2014 près de 700 millions de dollars pour son premier fonds spécialisé Afrique subsaharienne. Le premier investissement de KKR a été réalisé en Ethiopie sur Afriflora, donc loin de l’énergie ou de l’infra qui ont caractérisé l’investissement en Afrique pendant longtemps. Ces fonds sont attirés par la croissance qui perdure : un tiers des pays africains connaissent une croissance de plus de 6 %. Leur positionnement est très différent du nôtre. Il s’agit de buy-outs majoritaires, avec des tickets de plus de 100 millions de dollars. Amethis a pour sa part un positionnement mid cap, avec des tickets compris entre 10 et 30 millions d’euros. Nous visons des pays comme la Côte d’Ivoire, l’Ile Maurice, le Kenya, qui présentent une économie diversifiée avec une industrialisation intéressante. Notre objectif est de porter des champions nationaux pour les hisser au rang de champions régionaux. On rentre souvent dans des sociétés en transition, où la deuxième génération arrive aux commandes en étant prête à faire entrer un investisseur de long terme pour changer la gouvernance de la société.

La deuxième tendance est celle des fonds africains qui gagnent en maturité. La levée de fonds inédite de plus de 1 milliard de dollars pour un fonds spécialisé Afrique a été portée par Helios, un fonds créé par des Nigérians à Londres. Nous observons également une dispersion géographique des fonds. Pendant longtemps l’eldorado était l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, des fonds se développent en Afrique de l’Est et en Afrique de l’Ouest, même s’ils sont un peu plus petits. La région la moins active reste l’Afrique centrale.

La troisième tendance de fond est en lien avec l’hétérogénéité des acteurs. On observe désormais des acteurs comme Wendel, des fonds moyen-orientaux comme Abraaj, des fonds souverains chinois et singapouriens. Cette multitude d’acteurs souligne l’attractivité du continent. Chez Amethis, nous nous positionnons comme des investisseurs de long terme avec un horizon de sortie de six à sept ans. Notre valeur ajoutée repose d’abord sur la structuration de la gouvernance de ces sociétés familiales. Nous apportons également notre réseau local et international, pour créer des synergies entre les participations de notre portefeuille. Aujourd’hui, nous accompagnons dix entreprises et avons levé 280 millions d’euros en 2012.

Hervé Schricke : La durée moyenne pour le capital-investissement en Europe est de l’ordre de cinq ans. Elle est un peu plus longue en capital-innovation, environ sept ans, et plus courte pour les grandes opérations majoritaires. Il faut donc distinguer par métiers. Aujourd’hui, le problème en Afrique n’est pas le manque d’argent, mais bien de monter des projets. Abraaj par exemple souhaite réaliser de grandes opérations après avoir levé un fonds important. Ils réalisent donc des build-ups, notamment dans la santé, et parviennent ainsi à obtenir des dossiers d’envergure. Le phénomène de maturation n’est pas à négliger. Si une détention de six ou sept ans peut être effectivement considérée comme assez longue dans la finance, plus que dans la vie d’une entreprise, il n’existe pas d’investisseur qui fasse plus long que le capital-investissement, sauf les investisseurs internationaux soutenus par les Etats.

A l’heure actuelle, la majorité des fonds intervenant en Afrique est enregistrée à Maurice, au Luxembourg ou à Londres. Par le biais du Club Afrique de l’AFIC, nous souhaitons favoriser les conditions d’un plus large enregistrement depuis Paris en faisant mieux connaître le potentiel et en valorisant les pratiques responsables des investisseurs français. L’enregistrement du fonds en Europe permet en outre de bénéficier du passeport européen.

Afin d’établir les passerelles entre la France et l’Afrique, nous réalisons à l’AFIC des outils d’information tel que le Livre blanc du capital-investissement en Afrique, qui apporte une vision panoramique du secteur et une analyse approfondie. Nous allons prochainement publier un Cahier sur la compliance pour le capital-investissement en Afrique. Nous allons lancer une première formation au capital-investissement avec l’Institut supérieur de management de Dakar qui devrait être suivie par de nombreuses autres. Nous proposons également la mise en place d’un label «Jeunes entreprises innovantes» pour identifier les dossiers les plus solides. Enfin, au sommet de Bamako en janvier 2017, le Club Afrique de l’AFIC est porteur de propositions pour accélérer le développement du capital-investissement en Afrique.

Jean-François Marco : Et les infrastructures ! Nous sommes en moyenne à 15 ans.

Hervé Schricke : Effectivement. Mais je parle d’investissement dans des entreprises. La durée d’un fonds est environ de 10-12 ans. Il faut considérer que 6-7 ans est une bonne durée de détention. Faire plus court impliquerait d’investir en majoritaire, plutôt sur de gros dossiers.

Lubomir Roglev : Il y a une autre tendance que je voudrais souligner. Depuis deux ans, avec la modification de l’acte uniforme des sociétés commerciales de l’Ohada de 2014, donnant la possibilité de monter des SAS à capital variable, de plus en plus d’investisseurs lèvent des capitaux grâce à leurs réseaux. Ils structurent un véhicule d’investissement sous forme de SAS variable qui n’a pas la contrainte de durée de vie des fonds – 10 ans. Ils peuvent choisir la durée qu’ils souhaitent en fonction de leur business model.

Ces véhicules sont des petites et moyennes structures qui investissent généralement entre 2 et 5 millions d’euros, maximum 15 millions. Elles représentent une tendance intéressante et permettent la réalisation de nombreux projets. Leurs investissements sont très diversifiés.

Khady Koné-Dicoh : Amethis a effectivement levé de l’épargne régionale en Afrique de l’Ouest et centrale au moyen d’une SA à capital variable. Le fonds principal demeure sous la forme classique car c’est aussi un moyen d’attirer nos LPs qui sont internationaux. Mais nous avons également ce véhicule d’investissement qui a été levé auprès de sociétés d’assurance et de banques locales et qui n’a pas cette contrainte réglementaire de durée. Il est toutefois adossé au fonds principal, donc limité dans la durée.

Amir Jahanguiri : A l’heure actuelle, on constate que le financement externe long terme des projets dans les domaines des infrastructures et de l’énergie (à l’exception des projets extractifs) provient principalement des institutions financières internationales et des banques de développement international (Société Financière Internationale, Banque Africaine de Développement, Proparco, etc.). Le secteur bancaire national de nombreux pays africains (Afrique du Sud, Maroc et Nigeria mis de côté) n’est souvent pas en mesure d’offrir des financements compétitifs avec des maturités longues. Le financement offert par lesdites institutions permet certes aux projets sus-jacents d’exister (bien qu’un certain nombre de projets n’arrivent pas du tout à attirer du financement), mais la structuration de ces financements ne concourt pas vraiment au développement d’un savoir-faire au sein des pays où ces projets sont situés, ni au développement et au renforcement des marchés bancaires locaux. Ce qu’on constate en parallèle c’est que l’épargne dans un certain nombre de pays africains est dirigée vers des fonds d’infrastructure ou des fonds de private equity et de capital-développement, investisseurs en fonds propres de projets dans ces mêmes pays. Dès lors, on peut légitiment se demander, au regard de ce double constat, si des moyens tendant au développement des outils de financement par l’épargne au travers le développement de marchés des capitaux locaux, mais aussi le renforcement des secteurs bancaires, ne devraient pas être privilégiés. Il existe aujourd’hui quelques initiatives permettant à un certain nombre des institutions déjà citées d’émettre des garanties financières, notamment celle de la Banque Africaine de Développement en matière de rehaussement de projets, dont l’utilisation plus systématique est une option intéressante pour le développement des marchés de capitaux dans les pays africains. Je crois que le recours à ce type d’instruments pourrait permettre le financement de projets par des émissions obligataires placées auprès d’épargnants institutionnels, ce qui, au passage, renforcera le secteur banque-assurance des pays concernés.

Ainsi, peut-être qu’une troisième voie vers le développement des financements dans ces économies serait de faire l’impasse sur l’intermédiation du système bancaire, non développé ou peu développé, d’un certain nombre de pays, au profit du financement des besoins en infrastructure et d’énergie par les marchés des capitaux des pays concernés.

Anne-Sophie Rakoutz : Le développement des marchés de capitaux est effectivement une voie à explorer. Si l’on constate une évolution de la liquidité du marché africain avec une augmentation du nombre de sorties depuis les cinq dernières années, le développement des marchés de capitaux devrait également aider à développer l’investissement local. Au sein de Proparco, nous travaillons sur ces outils notamment à travers la mise en place récente d’une garantie sur un OPCVM.

Les sorties

Hervé Schricke : 40 sorties ont été recensées en 2014 sur le continent. Le marché est récent, le nombre de sorties ne reflète donc pas la liquidité du secteur. Mais les taux de croissance sont relativement élevés. A titre privé, je fais partie du comité d’investissement d’un fonds au Kenya et nous examinons des business plans avec 30 ou 40 % de croissance. Ils séduisent des investisseurs prêts à prendre des tickets d’un montant plus élevé pour un deuxième tour. En capital-développement, dans l’esprit européen, les sorties sont freinées puisque l’investisseur n’est pas décisionnaire. En pratique, il permet de tester différents types de sortie, dont celle sur l’entrepreneur lui-même.

Il faut néanmoins noter qu’il n’existe pas encore énormément d’acteurs sur le marché. Seulement 250 équipes professionnelles ont été identifiées. Et le capital-investissement africain qui se crée ne doit pas être comparé directement au modèle occidental, mais doit trouver son propre schéma.

Khady Koné-Dicoh : Amethis étant positionné en capital-développement, la question des garanties ne se pose pas. Ce que nous apportons comme garantie, c’est notre stratégie d’investissement ainsi que notre diversification par pays et par secteur. Nous investissons dans le secteur privé et dans des activités avec une exposition directe au secteur public et parapublic très limitée. Nous avons à la fois investi dans CDCI qui est un réseau de supermarchés en Côte d’Ivoire, mais également au Kenya dans une société de packaging, etc. Cette stratégie de diversification nous permet de mitiger notre risque et d’avoir un certain niveau de rentabilité. Dans nos pactes d’actionnaires, coexistent plusieurs options de sorties : la vente à entrepreneur, la vente à un autre fonds ou à un stratégique. Mais tout est déterminé dès le départ. Notamment dans des dossiers où nous entrons comme minoritaires mais avec des droits forts dans le pacte, nous intéressons également le promoteur à notre sortie.

Anne-Sophie Rakoutz : S’agissant des management packages, les mécanismes d’incitation n’ont pas besoin d’être très sophistiqués pour créer un alignement d’intérêts. Il s’agit in fine de rétrocéder une partie de la plus-value à certaines personnes au-delà d’un certain niveau de rendement.

Khady Koné-Dicoh : La fiscalité est différente de celle qui existe en France et Amethis met en place des mécanismes simples qui permettent un alignement d’intérêts pour atteindre un objectif de rentabilité. Nous avons ce devoir de pédagogie auprès des familles avec lesquelles nous nous associons.

Eric Villateau : Pour les fonds de type infra, les stratégies de sortie sont un peu différentes et à plus long terme. Il est nécessaire de s’interroger, dans le cadre des projets renouvelables, sur le sort de l’actif à la fin du PPA. Particulièrement lorsque les réglementations, comme on le voit parfois, soit sont lacunaires, soit s’empilent (loi générale sur le secteur de l’électricité, loi plus spécifique au secteur du renouvelable, sans oublier le traitement du foncier), et ce sans grande cohérence. Ces réglementations peuvent même parfois s’avérer inconciliables. Des accords multipartites peuvent alors permettre de résoudre les difficultés que cet enchevêtrement de textes peut créer.

Bertrand Fournier-Montgieux : Pour rebondir sur l’énergie, on constate aujourd’hui une tendance importante à agréger des projets, c’est-à-dire à créer des holdings de portefeuilles de projets permettant de faciliter la sortie des investisseurs.

Les IPO

Olivier Mélédo : Dans le domaine de l’énergie, les sorties par IPO se multiplient. Une clause de sortie par la bourse est désormais systématiquement insérée. Elle est généralement conditionnée à l’atteinte d’un TRI cible, fixé contractuellement à une quinzaine de pourcents. Mais les bourses africaines demeurent encore assez peu actives.

Anne-Sophie Rakoutz : Il y a quelques années, lorsque l’on insérait une clause d’IPO dans le pacte d’actionnaires, personne n’y croyait trop. Aujourd’hui, c’est différent, une quinzaine d’IPO ont été réalisées en 2015 sur le continent même si les analyses d’association de PE professionnelles notent que seulement quatre bourses sont réellement actives (volumes d’échanges quotidiens) : le Maroc, l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Nigeria.

Il y a également les IPO qui sont réalisées sur d’autres places financières et en dehors du continent africain. Je pense notamment à Paris, à Londres, ou même à Toronto. Cette année, nous avons introduit une société en énergies renouvelables à New York qui avait démarré avec 52 mégawatts en 2013 et qui va atteindre le gigawatt en 2020.

Olivier Mélédo : L’un des premiers IPO à succès dans le secteur de la distribution d’énergie était l’introduction d’Umene sur la Bourse de Kampala (Ouganda) par le fonds Actis.

Anne-Sophie Rakoutz : Mais il n’y a pas que les introductions en bourse. Je pensais que l’IPO était la voie préférée des entrepreneurs, or on constate que ce n’est forcément pas le cas. Ils sont également prêts à s’orienter vers le secondaire, c’est-à-dire à changer de fonds.

Khady Koné-Dicoh : Tout dépend de la taille et de la maturité du dossier. Lorsque la seconde génération de managers a besoin de prouver à leurs parents qu’elle a sécurisé la société et l’a laissée entre de bonnes mains, l’IPO n’est pas la solution envisagée car il peut donner le sentiment de ne plus maîtriser le périmètre des personnes à qui les actions sont transférées. La sortie sur l’entrepreneur lui donne par ailleurs la possibilité de conserver ses actions. Une fois que la société s’est institutionnalisée, qu’elle présente une gouvernance structurée et que l’équipe de management est stable et compétente, les promoteurs entrent dans une logique de cession des parts à un autre investisseur.

Bertrand Fournier-Montgieux : Tout dépend de la taille du projet et de la société, mais aussi de l’intention de l’investisseur. Par exemple, Investisseur & Partenaires qui est un fonds spécialisé dans le financement des petites et moyennes entreprises en Afrique a pour ambition d’accompagner les entrepreneurs africains et de faire en sorte que ces derniers conservent la propriété de leur entreprise. Le fonds I&P Africa Infrastructures qu’InfraMed est en train de lever actuellement avec Investisseurs & Partenaires s’inscrit dans cette même tendance. Un fonds étranger qui transforme son investissement en IPO sur une place étrangère n’est pas tout à fait dans la même démarche.

Khady Koné-Dicoh : Dans notre portefeuille, certaines sociétés sont totalement ouvertes à l’IPO parce qu’elles sont de taille plus importante, parce que la deuxième génération est déjà aux manettes ou parce qu’elles sont sur des places différentes. Par exemple, à Maurice, les sociétés sont beaucoup plus familières de la bourse. Un pacte d’actionnaires comportant une clause d’IPO leur semble parfaitement naturel. Au Burkina Faso, c’est différent. Les discussions porteront plus sur les critères de choix de l’investisseur qui remplacera Amethis.

Hervé Schricke : Pour illustrer la connexité entre la bourse et le capital-investissement, je voudrais insister sur la BRVM, la Bourse régionale des valeurs mobilières commune à 8 pays de l’Afrique de l’Ouest, qui est un membre très actif du Club Afrique depuis son origine et qui perçoit bien la qualité des entreprises qui émanent du capital-investissement. Il est en effet démontré que les entreprises qui ont été détenues par des capital-investisseurs performent mieux en bourse que leurs pairs qui ne sont pas passés par le private equity. Rappelons néanmoins que les sorties en bourse, en Europe comme en Afrique, représentent une minorité de dossiers.

Olivier Mélédo : Pour finir ce débat, j’aimerais insister sur l’attention à porter à la structuration de l’investissement qui ne doit pas être négligé en amont dans le cadre de la prévention et si nécessaire du règlement des litiges entre investisseurs et Etats. On a souvent vu ces dernières années des opérations de «tax treaty shopping» pour structurer son investissement dans des juridictions favorables d’un point de vue fiscal à cet investissement. Mais n’oublions pas le sujet de la protection des investissements ! Par exemple, et toutes autres considérations étant par ailleurs égales, un investisseur qatari qui voudra investir au Burkina Faso pourrait avoir intérêt à constituer son véhicule d’investissement à Casablanca afin de bénéficier des accords bilatéraux de protection des investissements que le Qatar et le Maroc, d’une part, et le Maroc avec le Burkina Faso, d’autre part, ont respectivement conclus. Le corpus du droit international public s’adosse ainsi à la position contractuelle de l’investisseur, ce qui permettra, en cas de litige, de pouvoir exercer un maximum de pression sur un Etat défaillant dans le respect de son engagement ou, à défaut, d’initier un arbitrage international devant un tribunal constitué en application d’un règlement d’arbitrage d’une institution de la Banque mondiale pour obtenir une indemnisation du préjudice subi.

Certaines entreprises françaises en sont conscientes et ­étudient en amont les traités de protection des investissements pour choisir celui qui comporte les dispositions les plus intéressantes, mais cela est loin d’être répandu, notamment dans le monde du private equity.

Mettre en place les conditions d’un investissement réussi suppose donc de conduire à la fois une diligence fiscale, une diligence de protection de l’investissement mais également une diligence «compliance» au regard des règles récentes que sont le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) américain, le Bribery Act britannique, et, sous réserve de son entrée en vigueur au printemps 2017, le projet de loi française relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (Loi Sapin II) adopté au Parlement le 8 novembre dernier ; qui, pour rappel, sont toutes d’application extraterritoriale.

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